Souvenirs de chez moi
Ma mère nous réveille, ma sœur et moi en tapant dans ses mains. Un sourire affectueux illumine son visage alors qu’elle crie : « des gaufres ». Nous dévalons les escaliers en pyjamas jusqu’où se trouve le savoureux trésor recouvert de liquide doré. Je peux déjà goûter le sirop et le miel, j’en ai l’eau à la bouche, et je savoure l’agitation matinale à chaque bouchée. Ici, c’est chez moi.
Ma tortue, Maître Oogway, se prélasse dans le jardin alors que le soleil brille haut dans le ciel. La brise siffle dans nos oreilles et les brins d’herbe s’y laissent balayer. Ma grand-mère récolte l’ail tandis que mon grand-père se berce dans notre berceuse, profitant de cette douce brise. Ici, c’est chez moi.
Ma sœur et moi sommes assis au salon où grand-mère joue du piano. Nous fredonnons sur la mélodie alors qu’elle nous raconte sa culture, ses épreuves et son enfance qui se déversent toutes dans sa musique. Le piano devient le raconteur qui partage des souvenirs mélodiques à travers chaque note. Ici, c’est chez moi.
Nos pieds foulent le chemin de gravier vers notre banc habituel. « Le dernier arrivé est une poule mouillée ! », crie mon père. J’agite les bras de toutes mes forces et dépasse en coup de vent les sapins de Douglas et les petits arbustes. Je m’écrase sur le banc, hors d’haleine. Papa arrive à toute vitesse et s’assoit près de moi tandis que j’observe le fleuve Fraser. Notre île se dresse au beau milieu, un secret qui attend qu’on le découvre. Nous entendons les vagues qui s’abattent contre les rochers alors que la pluie se met à tomber. Je souris et je pense que « Raincouver » porte bien son nom. « Il est temps d’entrer à la maison », dit mon père. Je dis oui d’un signe de tête, mais je pense que nous y sommes déjà.
Ici, c’est chez moi.