Dans les bras de mon papi
Le chez-moi peut signifier beaucoup de choses, mais mon chez-moi, c’est dans les bras de mon papi. Je suis né à Sinjar, en Irak. Ma maison était remplie d’amour. Dans mes souvenirs, ma grand-mère et mes tantes prenaient soin de moi ; je mangeais de petites bouchées d’œufs et mon plat préféré était fait avec des feuilles de vigne. Je me souviens d’avoir joué dehors et d’avoir senti le feu qui brûlait tandis que cuisait le délicieux pain naan que ma mère préparait. Je me souviens de m’être réveillé tous les matins sur le toit plat de notre maison au son du chant du coq et de l’odeur de l’air frais et de la pluie. Des oiseaux colorés bleus et roses voltigeaient : ils étaient presque aussi beaux que notre temple Yézidi Lalish. À la tombée du jour, je me blottissais et m’endormais dans les bras de mon papi où je me sentais en sécurité et aimée. Mon chez-moi, c’était toujours dans les bras de mon papi.
Le 3 août 2014, tout a changé. Mon chez-moi rempli d’amour a vite cédé la place aux cris, aux pleurs et à la course folle des gens dans les rues. Le feu de cuisson du pain naan a été remplacé par le feu des bombes incendiaires détruisant notre communauté. Alors que l’ÉI se déchaînait dans les rues, mon papi m’a pris dans ses bras et a couru. Peu importe à quel point j’avais peur, je savais que j’étais en sécurité et aimée parce que mon chez-moi, c’était toujours dans les bras de mon papi.
Je vis au Canada maintenant. Mon chez-moi est rempli d’amour. Je mange de nouveaux aliments, je hume de nouvelles odeurs et j’entends des sons nouveaux. J’aime mon école, mes ami.es et mes oiseaux compagnons Angel et Gracie. À la tombée du jour, je me blottis encore dans les bras de mon papi et je m’endors. J’y serai toujours en sécurité et aimée. Mon chez-moi, ce sera toujours dans les bras de mon papi.